Trade Republic VS Robinhood

Face à la difficulté de mettre la main sur le bon courtier, beaucoup d'investisseurs français en bourse pourrait choisir Trade Republic. Mais est-ce que Trade Republic deviendra la version européenne de Robinhood, la plateforme américaine de trading sur mobile Zéro commission ?
Vlad Tenev et Baiju Bhatt, les fondateurs de Robinhood
Vlad Tenev et Baiju Bhatt, les fondateurs de Robinhood


Car Robinhood a soulevé un tourbillon de questions qui n’est pas prêt de retomber.

Beaucoup d’entre-nous ont rêvé d’être client de Robinhood pour passer des ordres sans frais en 3 clics sur les plus belles actions américaines.
Pour ceux qui le regrettent, j’ai collecté de quoi atténuer leurs regrets. Je l’expose dans cet article.

Pour ceux qui continueront encore à le regretter, sachez que Robinhood est loin de se préparer à envahir l’Europe.
Le premier pays susceptible de proposer à ses résidents des comptes clients sur l’application mobile sera le Royaume-Uni. Mais Robinhood a décidé de différer son lancement qui était prévu en 2020.

Quand on est résident français, l’espoir en matière d’investissement presque sans fraisest Trade Republic (1€ le passage d’ordre).

Mais est-ce que Trade Republic peut potentiellement tomber dans les écueils de Robinhood ?
Impossible à dire faute de recul nécessaire. On n’a pas assez d’informations sur le fonctionnement de ce courtier ou néocourtier ou néobroker.

Tout ce qu’il est possible de faire, c’est de cerner le modèle Robinhood, ses qualités et ses points défaillants pour, quelque part, attendre « Trade Republic au tournant » et espérer que le courtier allemand sera à la hauteur de ses très alléchantes promesses.

Cette plateforme de trading sur mobile berlinoise débarque sur le marché avec une proposition de frais à 1€ par transaction sur les actions et les ETF.

Donc exit les frais variables en fonction du montant des ordres ou du nombre de transactions effectuées dans le mois. Pas de frais annexes liés à la taille de la capitalisation d’une société.
(Le détail des frais de courtage chez les courtiers traditionnels ici)
Les frais de passage d’ordre pourraient même être réduits à zéro dans le cas où le client adopte un « plan d’investissement régulier », une sorte de plan d’épargne que l’on alimente à intervalles réguliers. 

Est-ce l’affaire du siècle ou doit-on s’inquiéter ?

Cette proposition alléchante et la façon dont Trade Republic pourrait se rémunérer semble être proche de la méthode Robinhood.

Voyons d’abord si Robinhood est un courtier de confiance ou vole les pauvres pour donner aux riches. Cet examen peut permettre de recenser les écueils dans lesquels une plateforme très grand public basse commission ne doit pas tomber.

Coté Robinhood

La méthode Robinhood, principes fondateur
Comment un broker peut-il proposer des passages d’ordres à zéro dollar ?
Trading et gamification : une application ludique plébiscité par ses clients
Grosses erreurs et comportement fautif de Robinhood
Sanctions et conclusions

Coté Trade Republic

Présentation et proposition
Des arguments proches de ceux Robinhood et une même population de clients ciblée.
Ce que vont surveiller les instances financières de l’Union Européenne.
Conclusions sur Trade Republic

Ce qu’est Robinhood

Robinhood est une plateforme californienne de trading sur mobile zéro commission sur actions, ETF et options, née dans la Silicon Valley.
Elle s’est rendue célèbre au premier trimestre 2021 quand certains de ses clients se sont unis pour lutter contre des hedge funds qui vendaient à découvert les actions de sociétés américaines, GameStop par exemple (Voir plus loin).
Ce mouvement a secoué le monde bien rodé des marchés financiers, inquiété les autorités financières américaines. Il a aussi attiré l’attention sur le courtier qui a mal géré le flot de transactions de ses clients activistes.

Robinhood a eu jusqu’à 18 millions de clients en 2021, contre 1 million en 2016. Le plus grand courtier américain Charles Schwab, créé en 1971 en revendique 14 millions.

Robinhood a été fondée par deux enfants de migrants qui se sont rencontrés à l’université de Stanford en 2005, Vlad Tenev et Baiju Bhatt.

Leur idée était de démocratiser le système financier mais tout en surfant sur les revendications anti-systéme du mouvement « occupy wall street ». D’ailleurs, le nom de Robinhood ou Robin des Bois est parlant : investir, c’est reprendre aux riches une part de leur argent.
Vlad Tenev, fondateur et co-directeur de Robinhood, a déclaré dans une interview que même si certains de ses clients perdaient de l’argent, les jeunes Américains risquaient des pertes encore plus importantes en n’achetant pas d’actions.
« Rester à l’écart des marchés a finalement contribué aux inégalités massives que nous observons dans la société », a-t-il déclaré.

Robinhood propose des frais de passage d’ordre gratuit sur les actions, les ETF et les options.
On peut le vérifier sur la grille tarifaire de Robinhood, c’est zéro commission sauf certains frais qui sont dû à des organismes de régulation. https://cdn.robinhood.com/assets/robinhood/legal/RHF_Fee_Schedule.pdf

Mais comment le courtier se rémunère-t-il ?

La méthode est simple. Robinhood ne prend pas l’argent de ses clients. Toutefois, ses clients risquent quand même d’en perdre un peu. Mais rien n’est vraiment gratuit en ce monde.

 Les plateformes de trading sans frais n’interviennent pas elles-même sur le marché pour passer les ordres de leurs clients. Elles confient les ordres d’achat et de vente aux teneurs de marché (market maker) qui jouent le rôle d’intermédiaires entre courtiers et bourses.

Ces teneurs de marchés sont de grosses firmes de trading souvent des sociétés faisant du Trading à Haute Fréquence (THF) pour lesquels la rapidité et le volume sont des moteurs de rémunération importants. Des ordinateurs lancent des ordres qui arrachent quelques cents lors de micro-mouvements.

Ces intermédiaires se rémunèrent eux-mêmes grâce à la différence entre le cours auquel ils vendent les titres et celui auquel ils les achètent. Ils gagnent en général autour de 0,022 % du montant d’un ordre.

De ce fait, ils achètent et vendent une action avec un profit (minuscule) et ils en restituent une partie (infime) au client, Robinhood par exemple. Pour ces teneurs de marché et Robinhood, c’est le volume des ordres qui les enrichit.
Cette pratique s’appelle « payment for order flow » ou «paiement pour le flux de commandes».
Les courtiers sont ainsi rémunérés par les teneurs de marché et peuvent ainsi proposer des commissions à 0 dollars à leurs clients.

Les teneurs de marché ont besoin de traiter des volumes énormes et se nourrissent de flux d’ordres provenant de tous les courtiers basse commission mais aussi de divers fonds de gestion : hedge funds, fonds de pension, assureurs…

Robinhood fait la fortune des teneurs de marché en s’enrichissant lui-même.

Plus les clients de Robinhood se déchainent, plus le flux d’ordre est important et plus le courtier sera rémunéré par les teneurs de marché.

Un des arguments de vente de Robinhood : il a les titres au meilleur prix. Il peut effectivement négocier les titres à un meilleur prix car il draine du volume mais au final ce sont les teneurs de marché qui décident du prix des titres.

Les noms de grands teneurs de marché américains comme Citadel Securities et Virtu ont commencé à être connus du public grâce à leur rôle d’intermédiaires pour Robinhood.

Au cœur de l’activité de Robinhood, se trouve forcément l’incitation à encourager ses clients à trader davantage. Il ne facture pas de frais pour le trading, mais il est payé plus quand ses clients tradent davantage.

Le routage des flux vers les teneurs de marché est une pratique courante et ancienne chez les courtiers en ligne américains. Les grands courtiers de détail tels que E-Trade et Charles Schwab le font également. Mais Robinhood l’a poussé à son paroxysme grâce à ses gros volumes et ses ententes avec les market makers.

Robinhood gagne beaucoup plus que ses concurrents sur cette pratique.

« Plus que dans toute autre société de courtage de détail, les utilisateurs de Robinhood échangent les produits les plus risqués au rythme le plus rapide », selon une analyse de l’activité de neuf sociétés de courtage par la société de recherche Alphacution pour le New York Times.

Au cours des trois premiers mois de 2020, les utilisateurs de Robinhood ont échangé neuf fois plus d’actions que les clients du courtier E-trade et 40 fois plus d’actions que les clients de Charles Schwab, par dollar déposé dans le compte client moyen au cours du trimestre le plus récent. Ils ont également acheté et vendu 88 fois plus de contrats d’options (risqués) que les clients de Schwab, par rapport à la taille moyenne du compte, selon l’analyse.

Au total, Robinhood a reçu 18 955 $ des sociétés de trading pour chaque dollar du compte client moyen, tandis que Schwab a gagné 195 $, toujours selon l’analyse d’Alphacution pour le New York Times. Les experts du secteur ont déclaré que les sociétés teneurs de marché pensaient pouvoir réaliser des bénéfices plus facilement avec les clients de Robinhood.

Les jeunes clients raffolent de l’application sur mobile et sont ainsi incités ainsi à trader plus.

L’application sur mobile de Robinhood est ludique et simplissime.
Elle peut rappeler un jeu vidéo : grande facilité d’acheter et de vendre avec un simple clic sans s’embarrasser d’étapes intermédiaires que d’autres plateformes classiques imposent..
L’écran d’accueil propose des actions en tendances. Il suffit d’un clic pour en devenir acquéreur.
Elle met nettement moins d’informations à disposition que les plateformes de ses concurrents mais ce n’est pas ce que recherche sa clientèle.

Des avantages à la clé

Créer un compte chez Robinhood ou parrainer un nouveau client entraine l’attribution d’une action gratuite. Il faut juste donner ses coordonnées bancaires et on obtient ensuite une action gratuite sans verser de fonds

Peu de garde-fous pour protéger les débutants

Robinhood n’offrait initialement que le trading d’actions. Au fil du temps, la plateforme a ajouté le trading d’options et les prêts sur marge, qui permettent d’investir plus sans en avoir les moyens mais avec le risque aussi de surdimensionner les pertes.

L’application fait la promotion des options avec le slogan «rapide, simple et gratuit». Pour vérifier la qualification des clients qui souhaitent échanger des options, Robinhood demande juste une réponse à quelques questions à choix multiples. 
Les débutants sont légalement exclus des options de trading, mais ceux qui cliquent sur le fait qu’ils n’ont « aucune expérience » en matière d’investissement sont coachés par l’application sur la façon de changer leur réponse en «pas beaucoup» d’expérience. 
Ensuite, ils peuvent immédiatement commencer à acheter et vendre des options.
Les options, qui donnent le droit d’acheter ou de vendre des actions à un prix fixé à l’avance, peuvent amplifier les gains mais aussi aggraver les pertes.

Des clients jeunes et peu expérimentés

Robinhood a attiré une clientèle jeune (80 % des dépôts appartiennent à des personnes de moins de 35 ans). Ils sont beaucoup plus actifs que les clients traditionnels sur les produits dérivés comme les options. Ils sont aussi fan du trading sur actions des grandes capitalisations de la Tech tels que Tesla, Apple, Microsoft et les titres du cannabusiness.

Les clients de Robinhood raffolent aussi des penny stocks qui garantissent plutôt pas mal de déceptions que des gains de folie.

Le rendement des investissements des clients de Robinhood a été étudié.

Une étude indique que les titres achetés de façon moutonnière par les utilisateurs de l’application de Robinhood voient leur cours baisser de 5 % le mois suivant. Cette constatation a pu entrainer les vendeurs à découverts à se positionner sur les titres choisis en masse par les clients de Robinhood. Il s’agit dans ce cas de petites capitalisations mise en exergue par l’application.

Une liste infinie de problèmes techniques

En 2018, le logiciel de passage d’ordre a renversé le sens des passages. Qui croyait vendre se trouvait acheteur.

A un autre moment, l’application a autorisé par erreur les gens à emprunter des fonds sans limite pour augmenter les tailles de position, ce qui a entraîné des gains et des pertes énormes.

Le site web de Robinhood est également tombé en panne plus souvent que ceux de ses rivaux – 47 fois depuis mars pour Robinhood et 10 fois pour Schwab – selon une analyse du New Times avec les données de Downdetector.com, qui suit la fiabilité des sites web.

En mars 2020, l’application est tombée en panne au moment où les marchés se retournaient à la baisse suite à la pandémie.
Quatre employés de Robinhood, qui ont demandé à rester anonyme, ont déclaré que la panne était due à des problèmes liés à la fois à l’application et aux serveurs de l’entreprise. Ils ont expliqué que la start-up n’avait pas suffisamment investi dans la technologie et n’avait pas totalement testé les montées en charge.

D’autres employés de Robinhood, toujours anonymes, ont eux déclaré que l’entreprise ne s’était pas dotée de garde-fous anti-pannes, ni de moyens techniques adéquats pour soutenir ses clients, leur répondre et les rassurer en cas de panne.

Vlad Tenev, un des deux directeurs, a répondu fermement à cette déclaration. « Robinhood a récemment fait de nouveaux investissements technologiques ».

Les clients lésés qui ont intenté un procès ont confirmé que Robinhood avait fait peu pour apporter des réponses à leurs appels au secours lors des pannes. Contrairement à d’autres courtiers, la société n’a pas de ligne directe téléphonique, ni d’outils adéquats pour répondre en temps réel à ses clients en cas de panne.

Robintrack et ses informations délétères

 Robinhood a eu aussi une période où elle disait publiquement sur le site Robintrack quelles étaient les actions les plus achetées par ses clients. Cette information était récupérée aussitôt ensuite par les traders professionnels qui se positionnaient à l’achat avant les tradeurs amateurs plus lents à réagir. Ceux-ci récoltait donc un cours moins favorable.
Mais le courtier a bien heureusement interrompu la divulgation de ces informations.

C’est plus particulièrement à l’occasion de l’affaire GameStop que le grand public a appris l’existence de Robinhood.

Des tradeurs amateurs se sont mobilisés sur Le forum WallStreetBets du site Reddit pour tenter d’abattre « les loups de Wall Street ».
Un appel à acheter en masse les actions d’entreprises vendues à découvert a été lancé. Il s’agissait de s’opposer aux fonds spéculatifs qui vendent à découvert certains titres d’entreprises en difficulté. Ces appels ont été énormément suivis. Les achats d’actions de ces entreprises ont été massifs par l’intermédiaire de Robinhood.

GameStop, propriétaire de la marque Micromania, a été ainsi sorti du bourbier de la vente à découvert de ses actions grâce aux achats de masses des clients de Robinhood.
Les cours de la société dont GameStop ont été multipliés par n en quelques semaines réduisant les comptes des vendeurs à découverts à néant et engendrant un vent de panique à Wall street.

Le hedge fund Melvin Capital, le plus vendeur sur les titres GameStop, s’est retrouvé au bord de la faillite au moment de déboucler ses positions vendeuses.

Robinhood a dû suspendre l’achat des titres devant cet afflux d’ordres que les teneurs de marché ne pouvaient plus traiter. Pendant ce temps, les vendeurs à découverts ont pu de ce fait reprendre la main.

Les clients se sont alors déchainés contre Robinhood devant ce qu’ils considéraient être une fraude et une trahison. Une action de groupe en justice a été lancée. Elle n’aboutira pas car Robinhood s’est protégé par une clause qui interdit à ses clients ce type d’action avant que l’affaire ne soit d’abord traitée par une cours arbitrale susceptible alors de proposer une transaction et d’éviter ainsi d’aller au tribunal.

Dans l’esprit des tradeurs activistes du forum Reddit, on n’était pas loin non plus du conflit d’intérêt .

Leur explication : Le teneur de marché qui traitait la plus grosse partie du flux d’ordre de Robinhood, était Citadel Securities. Son patron est à la tête du Hedge Fund Citadel qui a renfloué Melvin Capital de 2 milliards de dollars. Melvin Capital est le hedge fund vendeur à découvert qui fut la plus grosse victime de l’intervention des clients de Robinhood.

Mais pas sûr que cette explication de la suspension des cours soit la bonne…
D’autres courtiers comme Charles Schwab, TD Ameritrade, Interactive Brokers, E-Trade et même des courtiers chinois ont suspendu un temps les achats sur ce titre.
Car nous allons voir que tous les brokers sont soumis aux exigences des chambres de compensation.

L’existence de Robinhood a été aussi mise en péril quand la société a dû trouver plusieurs milliards pour couvrir en urgence le montant demandé par la chambre de compensation américaine.

A quoi sert une chambre de compensation ?

C’est un intermédiaire entre un vendeur de titres et un acheteur de titres. Pendant quelques jours, elle devient l’acheteur du vendeur et le vendeur de l’acheteur. Chaque partie est ainsi totalement sûre d’être payée, même si sa contrepartie fait défaut.

Donc les chambres de compensation peuvent demander à un acteur du marché d’avancer des fonds pour assurer que la transaction finale à laquelle il est partie sera effectuée sans défaut. Cette avance sert de garantie et de couverture, comme on dépose sous séquestre chez le notaire le montant du bien qu’on achète avant que la vente soit signée.

Cette avance de fonds peut être très élevée en cas de volatilité de certains titres.
Face à de de gros achats et ventes de certains titres, une garantie énorme peut être demandée à un courtier pour que le client final soit assuré de trouver ses titres ou recevoir les fonds issus de la vente.

Fin janvier 2021, la spéculation sur GameStop menée par les clients de Robinhood a entrainé une alternance de très hauts et de très bas de la valeur du titre.
Le 28 janvier le titre GameStop avait clôturé en baisse de 43 % un jour pour remonter de plus de 70 % lendemain.

A ce moment, à la demande de la chambre de compensation, Robinhood avait été contraint de lever 3,5 milliard de dollars dans l’urgence auprès de ses actionnaires, d’investisseurs divers sous forme de dettes convertibles, après avoir épuisé toutes ses lignes de crédit.

Pour stopper les demandes de garanties de la chambre de compensation, Robinhood avait dû suspendre les achats et ventes sur le titre GameStop, ce qui avait rendu furieux les clients de la plateforme. Plusieurs d’entre eux ont ensuite déposé plainte contre le courtier.

Ces défauts techniques ont été mis brutalement en lumière lorsque Alex Kearns, 20 ans, un étudiant du Nebraska, s’est suicidé après s’être connecté à l’application et avoir vu que son solde était tombé à moins 730 000 $. Il a été dit à l’époque que chiffre ne reflétait pas la réalité à cause de données non encore mises à jour.

Actuellement, on peut lire dans la presse spécialisée que son compte chez le courtier était en fait totalement créditeur.

Des sanctions en rafale, une audition du directeur de la société devant devant la Chambre des représentants, l’administration américaine a répondu vigoureusement aux inquiétudes et dommages provoqués par Robinhood dans le monde de la finance et chez ses clients.

En décembre 2020, une amende de la S.E.C. de 65 millions (la S.E.C. est l’équivalent de notre Autorité des Marchés Financiers) a été infligée à Robinhood. La raison : la société n’a pas offert la meilleure exécution de leurs ordres à ses clients, c’est-à-dire au meilleur prix et ne les a pas informés qu’elle avait recours à des sociétés de trading haute fréquence.
Pour la S.E.C., Robinhood avait ainsi privé ses clients de 34,1 millions de dollars de rendement sur les produits tradés.

En juillet 2021, une pénalité de 70 millions de dollars en juillet 2021 par la Financial Industry Regulatory Authority, l’agence d’autorégulation du secteur financier, sanction la plus importante de son histoire. Cette pénalité couvre une amende de 57 millions et un dédommagement de ses clients pour 13 millions.

Raisons : avoir communiqué de fausses informations, comme le montant réel dont disposaient certains clients sur leur compte, des pannes à répétition de la plateforme, avoir autorisé des clients à trader des options sans avoir vérifier qu’ils étaient aptes à comprendre ces produits.

En février 2021, Vlad Tenev a dû s’expliquer devant la de la Chambre des représentants pendant 5 heures au sujet de la suspension temporaire des achats et ventes de l’action GameStop.

A la question : une telle plateforme peut-elle agir au mieux des intérêts de ses clients ? La réponse donnée par les instances de régulation américaine est clairement non.

Présentation

Trade Republic est une start-up berlinoise, une fintech plus exactement, c’est à dire une entreprise hybride entre finance et technologie. Elle est actuellement valorisée à 5 milliards de dollars suite à une levée de fonds auprès d’investisseurs.

Son but est de démocratiser l’investissement en bourse en proposant une quasi-disparition des frais de passage d’ordre lors de l’utilisation de son application de trading sur mobile.

Les fondateurs de Trade-Republic - Thomas Pischke - Marco Cancellieri - Christian Hecker
Les fondateurs de Trade-Republic – Thomas Pischke – Marco Cancellieri – Christian Hecker

L’utilisateur peut passer des ordres en quelques clics sur une application mobile, sans montant minimal d’investissement annuel, sans frais de garde, sans marge de change.
Les frais de passage d’ordres : 1 € seulement est prélevé par transaction, quelle que soit la transaction.
Les investissements programmés sont totalement gratuits.

Donc pas de frais qui varient en fonction du montant des ordres ou du nombre de transactions effectuées dans le mois. Pas de frais annexes liés à la taille de la capitalisation d’une société.
(Le détail des frais de courtage chez les courtiers traditionnels ici)
Il est possible d’obtenir des frais de passage d’ordre réduits à zéro euros dans le cas où le client adopte un « plan d’investissement régulier », une sorte de plan d’épargne que l’on alimente périodiquement.

Des garanties sur la sécurité.
Trade Republic est supervisé par l’Autorité allemande de supervision financière (BaFin) et offre ainsi les garanties de sécurité du secteur bancaire germanique (protection des informations, effectivité des transactions, certification).
Les dépôts des clients sont protégés jusqu’à 100 000 € conformément aux directives européennes.

Des arguments proches de ceux Robinhood et une même population de clients ciblée.

Trade Republic a été fondée en 2015. Elle a drainé un million de clients depuis 2 ans en Allemagne et en Autriche. Un tiers des comptes titres ouverts en Allemagne les 6 premiers mois de 2021 l’ont été chez Trade Republic.
Elle a lancé son offre sur le marché français en janvier 2021 avec la promesse de donner la possibilité aux clients français d’ouvrir un PEA et un objectif de 100 000 clients avant la fin de l’année 2021.

Comme Robinhood en son temps, plus de la moitié de ses clients actuels n’avaient jamais trader auparavant.

C’est la cible que l’entreprise recherche selon son co-fondateur Christian Heckert. « En plus des investisseurs expérimentés, nous voulons cibler de nouveaux clients qui n’ont jamais investi sur les marchés Les courtiers actuels sont trop chers et trop complexes, ce qui décourage les épargnants. » 

Un discours bien rodé

« Nous donnons à nos clients les moyens de commencer à investir pour préparer leur avenir, ce que les grandes banques ne leur permettent plus depuis bien trop longtemps avec leurs frais élevés et leurs produits financiers trop complexes. »

Il explique aussi que les Européens sont actuellement confrontés à des défis tels que le changement démographique, les taux d’intérêt négatifs et l’inflation plus important que dans d’autres pays industrialisés. En raison de quoi, les pays européens sont confrontés à un énorme écart de retraite.

La société vise à les aider à investir de l’argent sur les marchés des capitaux avec une offre facile à utiliser et sans commission. Ce faisant, l’entreprise estime qu’elle offre une opportunité à de nombreuses personnes qui ont manqué de participer à la croissance économique dans le passé.

Le co-fondateur Thomas Pischke déclare : « Cinquante pour cent des clients de Trade Republic, soit plus de 500 000 personnes, n’ont jamais investi dans les marchés de capitaux de leur vie. Nous donnons aux gens les moyens de commencer par la création de richesse, qui ont été trop longtemps négligés par les grandes banques, avec des frais élevés et des produits opaques. Avec plus de 6 milliards d’euros d’actifs sous gestion, nous sommes le cœur de livret d’épargne de nos clients. »

L’application Trade Republic : Même facilité d’utilisation que Robinhood

L’ouverture d’un compte se fait en quelques minutes, les ordres sont passés en trois glissements de doigts.

On est pas aux USA avec sa réglementation financière plus laxiste et surtout beaucoup moins axée sur la prévention.
La commission européenne va regarder de près la façon dont Trade Republic se rémunère. Le but est de prévenir d’éventuels conflits d’intérêts et d’examiner si les clients particuliers ne vont pas obtenir une moins bonne exécution de leurs transactions.
L’une des questions est : savoir si le cadre réglementaire de la MiFID 2 autorise le « paiement pour flux d’ordres ». Revoir le paragraphe

MiFID 2 (Markets in Financial Instruments Directive) est la directive européenne qui depuis janvier 2018 protège les personnes physiques ou morales dans leur relation avec une institution financière. Elle s’assure aussi que la transparence des marchés et des transactions est effective. Le particulier investisseur doit ainsi avoir accès à des informations plus claires et à un risque mieux maîtrisé.

Comme on l’a dit plus haut, on n’a pas encore le recul nécessaire pour formuler un avis sur Trade Republic. Difficile de savoir si ce courtier peut tomber dans les écueils de Robinhood.

Mais 2 points sont très rassurants pour le particulier investisseur en bourse à la recherche du bon courtier :
– La connaissance des failles du modèle Robinhood permettra aux régulateurs d’être alertés plus rapidement en cas de défaillance de Trade Republic.
– La réglementation européenne est beaucoup plus protectrice que la réglementation américaine.

Diane Dulac
hellodiane@ikitrading.com

NOTE PERSONNELLE
Cet article a demandé des heures de recherches et de rédaction. Puis, une longue phase de relecture a suivi. C’est lors de cette étape que la plupart des rédacteurs se perdent. Même avec toute la bonne volonté du monde, au bout d’un moment on ne voit plus ses bêtises.
Si vous rencontrez une faute / erreur de frappe, je vous remercie par avance de me le faire savoir par un email à l’adresse ci-dessus ou en commentaire.
Je ne conserverai pas votre adresse email. Vous n’aurez jamais de mes nouvelles à part pour vous dire merci…

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