Un fonds activiste – Définition

Les fonds activistes achètent des actions de sociétés cotées en bourse pour peser activement et parfois brutalement sur leur gouvernance afin de tirer de cet investissement une rentabilité maximale.

Disons d’abord que, par définition, est activiste tout groupe d’actionnaires qui fait entendre sa voix au sujet de la gouvernance d’une société.
Quand ces activistes sont des sociétés spécialisées dans ce domaine, on les appelle alors « Fonds activistes ».

Les fonds activistes, comment ça marche ?

Les fonds activistes investissent dans des sociétés cotées en bourse bien portantes ou en difficultés du type « mal gérées mais ayant un potentiel ». Ils achètent des actions et en deviennent actionnaires minoritaires. Mais ils sont très actifs en tant qu’actionnaires et ils interviennent bien plus que les minoritaires classiques.

Leur but est de faire fructifier cet investissement. Ils font donc pression sur la gouvernance de l’entreprise pour que celle-ci crée plus de valeur.

Les demandes répétées d’un fonds activiste entré au capital d’une société peuvent être :
– la baisse des coûts de production avec plan de licenciements éventuel,
– la vente d’actifs ou de branches dont le rendement est faible.
Dans un premier temps, ces demandes ne sont que des recommandations.
Le fonds activistes n’étant qu’actionnaire minoritaire, il doit s’allier avec d’autres actionnaires pour se faire entendre.

Si ces ententes lui permettent d’obtenir une majorité en terme de nombre de votes, le fonds peut réussir à faire entrer ses représentants au conseil d’administration. Il peut alors avoir toute l’influence nécessaire sur la gouvernance. Il peut aller jusqu’à changer la direction de l’entreprise pour en obtenir le contrôle.

Est-ce que l’emprise d’un fonds activiste sur une entreprise est désastreuse ?

  • Oui, elle peut l’être. Car souvent les fonds activistes ont des objectifs court-termistes. Ils peuvent dépecer une entreprise en vendant ses secteurs non rentables ou en les supprimant. Il y a un coût social sous forme de plan de licenciements dans les deux cas. Le but est de ne garder que ce qui marche.
    On appelait « raider » les premiers activistes américains dans les années soixante. Comme dans « je fais un raid et je prends le contrôle ».
  • Non, car parfois les nouveaux choix de gestion préconisés par les activistes sont une bénédiction pour l’entreprise. Ils sont soutenus alors par leurs alliances avec des actionnaires vertueux qui n’ont pour but que la bonne marche de l’entreprise.

La bourse aime les fonds activistes

Quand l’entrée d’un fonds activiste au capital d’une entreprise est connue du marché, le cours de l’action connait très souvent un rebond haussier important.

Fonds activistes et Hedge Funds, différences et proximités

Les fonds activistes ne sont pas des hedge funds mais les hedge funds peuvent être des activistes.
– Les fonds activistes ne sont pas des hedge funds car leur domaine d’investissement ne se limite qu’à l’entrée au capital des entreprises.  

– Les hedge funds font feu de tout bois et prennent de gros risques pour faire fructifier l’argent de leurs clients. Ils investissent dans des actifs boursiers essentiellement. Mais faisant feu de tout bois, ils peuvent être également être activistes en entrant au capital d’une société..

Peut-on dire que les vendeurs à découverts sont des activistes ?

Les « short-sellers » ou vendeurs à découvert peuvent être considérés comme activistes. Il faut évidemment ne prendre en compte que les sociétés qui font de la vente à découvert de façon suffisamment massive pour influencer la gouvernance de l’entreprise.

Ce ne sont pas des activistes au sens strict car :
– Ils ne parient que sur la baisse des actions d’une société qu’ils jugent surévaluées. (Ils ne font une plus-value que si les actions d’une société baissent.)
– Ils ne sont donc pas de vrais actionnaires car ils ne détiennent jamais d’actions puisqu’ils les vendent avant de les acheter. (Voir le mécanisme de la vente à découvert ici)

Mais par extension, on les qualifie d’activistes car ils ont une influence sur la gouvernance de l’entreprise. Ils tirent leurs profits de la vente à découvert mais au passage, il attire l’attention du public sur les difficultés d’une entreprise liée à sa mauvaise gestion et la poussent à chercher des remèdes.
Les gros vendeurs à découverts se considèrent à ce titre comme des lanceurs d’alertes.

Qui sont les grands activistes ?

Un activiste célèbre dans le monde de la finance américaine, quasiment le fondateur du genre : Carl Icahn.

Un activiste de fiction très connu du grand public : Gordon Gekko incarné par Michael Douglas dans le film Wall Street d’Oliver Stone.

Muddy Waters, la star des activistes- vendeurs à découvert

Muddy Waters est l’un des activistes short-seller les plus connus en France.
Carson Block est le fondateur de Muddy Waters Research. Il se présente comme un « analyste-activiste », et soutient qu’il peut « voir ce que le marché n’a pas vu », c’est à dire les pratiques frauduleuses des entreprises.
Muddy Waters stigmatise, par exemple, les entreprises qui publient des bilans non sincères (bilans travestis).
La liste des entreprises qu’il dénonce et attaque est publiée sur son site, accompagnée des preuves qui justifient son intervention.
Pour chaque entreprise, est mentionnée la prise de position de Muddy waters sur les marchés qui découle des faits dénoncés.
Le lien sur le site de Muddy Waters : https://www.muddywatersresearch.com/research/nmc/mw-is-short-nmc/

Les activistes les plus connus
Les activistes sont le plus souvent des anglo-saxons : Elliott, ValueAct, Trian, Third Point, Starboard Value, Pershing Square, Corvex, TCI (anglais), amber (anglais).
Leur migration vers les entreprises européennes a commencé depuis les années 2000.
Il existe actuellement 2 activistes européens : CIAM qui est français et le scandinave Cevian.

Les fonds activistes anglo-saxons investissent de plus en plus en France.

Les activistes ont continuellement besoin d’étendre leur territoire. Ils ont besoin de sociétés où investir car ils ont de plus en plus de liquidités à placer. Les gérants de fonds de pensions voire de fond souverains, poussés par la baisse des taux, cherchent du rendement et placent une part de leur argent chez les activistes .

Les sociétés françaises se pensaient à l’abri. Souvent le capital était concentré entre quelques mains avec un actionnaire de contrôlé ou des participations en capital croisées. L’Etat a gardé des parts importantes dans des groupes cotés, parfois directement, parfois, via la Caisse des Dépôts.
A la fin des années 90, le capital s’est retrouvé beaucoup plus dispersé entre les actionnaires permettant l’entrée d’intervenants extérieurs.

Depuis 2010, une quarantaine de groupes français cotés ont été ciblés par les fonds activistes dont Safran, Danone, Airbus, Suez, SCOR, Nexans, Lagardère, Club Med, Vinci, L’entrée d’Elliott au capital de Pernod Ricard en novembre 2018 a fait réagir fortement la place de Paris et prendre conscience de l’ampleur du phénomène.

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