Les fonds souverains – Définition

L’autre nom, plus sérieux, des fonds souverains est « fonds d’investissement étatique ».
Leur rôle : Ils gèrent les énormes sommes d’argent que les Etats ont en excédent et qu’il faut faire fructifier.
A ce titre, les fonds souverains font partie des investisseurs institutionnels.

En effet, de la même façon que dans le cadre du budget familial vous épargnez ce qui reste à la fin du mois, un Etat doit placer la partie de la richesse produite ou détenue qui n’est pas consommée.
La destination de ces placements oriente leur durée de vie à court ou à long terme car ces sommes doivent :
– être prêtes à être réinjectées dans l’économie en cas de crise ponctuelle,
– fructifier pour assurer la prospérité des générations futures, ce que l’on peut appeler aussi « destinées à préparer l’avenir ».

La fonction « bas de laine » des fonds souverains

Les fonds souverains fonctionnent d’abord comme « un bas de laine » pour les temps difficiles. Par exemple, les fonds souverains des pays du golfe sont chargés de faire fructifier les gains du pétrole en prévision des temps où le pétrole ne sera plus une ressource demandée par le reste du monde.

Sur le court terme, quand les temps deviennent ponctuellement difficiles, les fonds souverains rendent une partie de leurs capitaux à leurs gouvernements. Ceux-ci les réinjectent dans l’économie du pays pour soutenir l’activité ou financer des dépenses.
Par exemple « le fonds d’investissement direct russe » (le RDIF), qui est le fonds souverain de la fédération de Russie a investi dans les laboratoires de recherche d’un vaccin et de tests pour le Covid-19.

Le total cumulé de ces bas de laine est conséquent. Selon « The Economist », en 2020 on recense 90 fonds souverains qui gèrent plus de 8.000 milliards de dollars d’actifs (environ 10 % du PIB mondial).

Comment un Etat peut-il dégager des excédents ?

Certains pays ont des réserves de change très importantes destinées à protéger leur monnaie nationale contre la spéculation. C’est le cas de certains pays asiatiques.
D’autres pays profitent du cours de leurs matières premières quand il est très favorable pour mettre des fonds de côté. C’est le cas de la Norvège et des pays du Golfe quand le cours du pétrole n’est pas trop chahuté

Où les fonds souverains placent-ils leur argent ?

Les fonds souverains investissent le plus souvent dans des actifs en dehors de leur territoire national. Ils peuvent à ce titre contribuer au financement de l’économie d’autres pays. Le but est de faire impérativement fructifier cet argent. N’étant pas pressés, ils favorisent les stratégies de long terme du moment qu’elles sont rémunératrices.

Avoir un « coup d’avance »

La caractéristique des fonds souverains est d’avoir un horizon d’investissement très long ce qui les différencie d’autres investisseurs institutionnels comme les assureurs ou les fonds privés de retraite (dits «  »fonds de pensions ») qui doivent être toujours dans une performance régulière à moyen terme.

Les fonds souverains peuvent donc saisir des opportunités et penser « avec un coup d’avance » : investir en Grande-Bretagne en temps de Brexit alors que l’horizon commercial du pays semble bouché, acheter peu cher des actions qui se sont effondrées lors d’une crise majeure, telle celle du Covid-19, en imaginant qu’elles peuvent rebondir à long terme.

Le fonds souverain de l’Arabie saoudite (le PIF) a ainsi profité de l’effondrement des Bourses au 2ème trimestre 2020 pour investir 8 milliards de dollars dans des sociétés telles Boeing ou Uber.
(Rappel : c’est tout ce que l’on doit éviter de faire quand on est un investisseur privé car les chances que ces sociétés voient rapidement le cours de leurs actions remonter est loin d’être garanti…)

Sur les marchés boursiers

Les fonds souverains investissent dans ce qui rapporte. Le but est le rendement de leur portefeuille. Ils investissent donc sur les marchés boursiers surtout quand ils ont beaucoup d’argent à placer. En général, 60% des fonds sont placés en actions et obligations.

Pour être plus précis, selon la conjoncture, ils placent leurs capitaux soit en actions, soit en obligations. De manière très logique, si le marché action baisse, ils jouent la prudence en se repliant sur les obligations voire les obligations d’Etat aux taux très bas.

Dans les actifs alternatifs

Mais les fonds souverains investissent aussi dans ce qu’on appelle les actifs alternatifs : l’immobilier, le capital-investissement (ou private-equity), les infrastructures, les hedges funds et les matières premières. Ceci pour environ 20% en moyenne des sommes placées.

Les pays préférés pour l’investissement des fonds souverains

Les pays que préfèrent les fonds souverains pour leurs investissements sont les pays émergents et la Chine. Du moins, c’était le cas avant la pandémie.
Par exemple, jusqu’en mars 2020, étaient prisés en Chine d’abord les actions chinoises puis les actifs « réels » comme les infrastructures, puis l’immobilier et enfin les obligations..

Les USA ne sont pas le pays le plus recherché pour l’investissement des fonds souverains. Mais premier pays au monde en terme de sommes consacrées à la recherche et développement (500 milliards de dollars en 2019), il garde un fort potentiel d’attractivité.

Les fonds ont tendance à se détourner de l’Europe mais quand ce n’est pas le cas, ils préfèrent toujours l’Allemagne à la France.

Les fonds souverains star et les autres

Le début des fonds souverains

Le premier d’entre eux, celui du Koweït (le Kuwait Investment Authority) date de 1953,

La star des Fonds souverains et quelques autres

Le fonds souverain norvégien est le fonds le plus important au monde :
1 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion en 2019.

Pour sa part, le fonds d’investissement direct russe (le RDIF) « ne gère que » 50 milliards de dollars pour le compte de l’Etat russe
Le fonds singapourien (le GIC) est le 8ème en taille au monde bien qu’il émane d’un « petit » pays.

Il existe un fonds souverain français.

Il est intégré à Bpifrance, la banque publique d’investissement dont le slogan est encore à l’heure où cet article est écrit : « Vous envoyez du bois, nous envoyons du blé » (si, si, c’est sur cette page).

Son positionnement parait original par rapport à celui d’un fonds souverain classique :
– Il fait essentiellement des partenariats avec des fonds souverains étrangers,
– pour que leur capitaux s’investissent des entreprises françaises en France ou à l’étranger dans des entreprises françaises et des projets français,
–  comme investisseur minoritaire,
– sur un terme long (classique pour un fonds souverain),
– en proposant un accompagnement aux entreprises ainsi financées « dans une perspective de développement international ou dans le cadre d’enjeux de transmission ou de stabilisation du capital. »

Dans ce cadre, Bpifrance a déjà signé des accords d’investissement direct et indirect avec 5 fonds souverains étrangers :
– avec celui du Qatar,
– avec Mubadala, le 2ème fonds souverain d’Abou Dhabi en 2017,
– avec Russian Direct Investment Fund, le fonds souverain de la fédération de Russie,
– avec China Investment Corporation, un fonds souverain chinois,
– avec le fonds souverain de la République de Corée,
– et avec un 6ème partenaire, la Kingdom Holding Company, holding de participation cotée en Arabie Saoudite.

Les fonds souverains verdissent aussi

Celui qui est en pointe :
Le fonds souverain norvégien, le plus important au monde (Rappel : 1 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion), exige que les sociétés dans lesquelles il investit s’engagent par des actions concrètes contre le réchauffement climatique.

Mais il n’est pas le seul.
One Planet Sovereign Wealth Funds est un groupe de travail fondés par 6 fonds souverain. Ces 6 participants et fondateurs sont l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Koweït, la Norvège, la Nouvelle-Zélande et le Qatar.
 Ces fonds souverains se sont engagés à  » Intégrer la notion de risques liés aux changements climatiques et investir dans une transition énergétique progressive, menant graduellement à une économie plus durable et moins polluante ». 

Iki au travail by Alex M.
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Auteure
Diane Dulac
hellodiane@ikitrading.com

Inspirée par IKI
Dragon trader

New York – Vue de Central Park (Upper West Side) au coucher du soleil

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